Accueil Société Consommation de cannabis : L’urgence d’agir 

Consommation de cannabis : L’urgence d’agir 

Dans un contexte de crise économique, sociale, politique et sanitaire très critique, la mobilisation d’activistes, défenseurs des Droits de l’Homme, artistes, avocats, et d’une large partie de la société civile se fait sentir et ne les empêche pas de rebondir sur la nécessité de modifier ces textes de lois répressifs voire à les abroger et à se projeter même plus loin. Avis, alternatives et stratégies se succèdent mais ne se ressemblent pas.

Ghazi Mrabet, avocat et militant des droits de l’homme au sujet de la loi numéro 52 relative à la consommation des stupéfiants

« Je demande qu’il y ait un amendement urgent de tous les articles de la loi 52 sanctionnant le consommateur de stupéfiants à une peine d’emprisonnement et faire en sorte que les nouveaux articles ne contiennent que des peines d’amendes symboliques. Je fais cette proposition simple parce que je sais que s’il fallait penser à rédiger tout un projet abrogeant l’actuelle loi, cela pourrait mettre plusieurs mois à aboutir, voire beaucoup plus de temps (pour plusieurs raisons). Donc commençons par un nouvel amendement qui ne prendrait que deux petites semaines pour être voté en plénière à l’ARP. Evitant ainsi d’un seul coup toutes les arrestations  et  libérant les jeunes condamnés du Kef. »

Kaïs Ben Halima, activiste, président du parti Hezb el Warka 

« On a commencé à préparer un plaidoyer. On a organisé un workshop avec Avocats sans frontières, durant lequel on a invité des représentants du bloc parlementaire. On a préparé tout un panel d’intervenants favorable à la cause et à la dépénalisation de la loi 52 et contre la peine de prison, en présence aussi d’adictologues, magistrats, de nombreuses associations, militants, de Abd el Koddous Saadaoui, ancien secrétaire d’Etat, responsable de la Jeunesse. S’interroger sur comment investir des sommes considérables autrement : le budget octroyé au ministère de la jeunesse étant insuffisant, comment donc élaborer, à  l’aide de cet argent, des stratégies de prévention contre la dépendance à la drogue, restauration des infrastructures nécessaires. J’évaluerai, pendant ce séminaire, cette politique établie depuis des années et qui doit changer : j’ai présenté des actions à faire à la Présidence du gouvernement. J’estime que des solutions immédiates peuvent être prises maintenant : pas besoin de présenter un projet de loi. On a rappelé les articles de la Constitution, cesser d’appliquer les articles 4 et 8 de la loi. Quelques blocs parlementaires tentent de prendre le train en marche ou de dire qu’on est là… mais l’impact ne suit pas.

On n’est plus dupes. Il faut nous écouter. Pour l’instant, les responsables sont réceptifs et on tient à organiser un débat national très prochainement. Des responsables qui sont réticents pour agir à cause de l’opinion publique… Il y a aussi l’aspect financier : la production dans le cadre thérapeutique destinée à l’export. On a un gap énorme de plusieurs milliards dans le budget, sans aucune solution pour le combler. Une solution à la racine existe, appliquons-la. On a un cadre législatif propice pour son application».  Autant d’alternatives et de solutions citées par Kais ben Halima. Nous y reviendrons plus en détails.

Amna Guellali, directrice régionale adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International

« Actuellement, il faut revoir la loi, à mon avis, parce que la réforme faite en 2017 ne suffit pas. Donner au juge le pouvoir d’appliquer des circonstances atténuantes, visiblement, n’a pas réduit le nombre de jeunes qui se font juger chaque année, ni de réduire les peines. Il y a encore des gens condamnés à des peines de prison. Il faut donc revoir la loi dans sa globalité. Et par « réforme globale », c’est se débarrasser de la criminalisation. Voir une approche différente, pas pénale et envisager d’autres types de réactions, voire de sanctions. Et l’approche pénale n’a rien arrangé depuis longtemps, clairement. Dans un contexte actuel, ça va être difficile mais il faut tenir bon. Feu BCE était porteur de la réforme. Le contexte actuel est sans doute bien plus compliqué pour le mener à bout ».

Propos receuillis : 

Haithem Haouel

Charger plus d'articles
Charger plus par Haithem Haouel
Charger plus dans Société

Un commentaire

  1. Zach

    28 avril 2021 à 13:15

    Great read! I work for a company researching cannabis (m2bio.co) myself and the benefits of cannabis blow my mind everyday! Glad to see people working to reform policies that are obsolete.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *